L'attachement désorganisé est probablement le style le moins connu — et le plus déroutant à vivre. Si tu te reconnais dans ce balancement permanent entre l'envie intense d'intimité et la terreur de l'abandon, tu n'es pas seul(e). Et non, tu n'es pas "trop compliqué(e)" pour être en couple.
Ce que tu dois savoir
L'attachement désorganisé concerne environ 15% de la population adulte. Ce n'est pas un trouble de la personnalité — c'est une adaptation à un environnement précoce imprévisible. Et ça se travaille.
D'où vient l'attachement désorganisé ?
Contrairement à l'attachement anxieux ou évitant, le style désorganisé naît d'une situation paradoxale : la figure d'attachement (souvent un parent) était à la fois source de réconfort ET source de peur. Un parent parfois aimant, parfois effrayant. Parfois présent, parfois absent sans préavis.
L'enfant se retrouve dans un dilemme impossible : s'approcher de la seule personne qui peut le rassurer, alors que cette même personne lui fait peur. Le système nerveux ne sait plus s'il doit fuir ou se rapprocher. Résultat ? Il fait les deux en même temps. Et ce pattern se cristallise.
J'ai accompagné Sophie, 38 ans, qui m'a dit lors de notre première séance : "Je ne comprends pas. Quand mon copain part au travail le matin, je suis soulagée. Et deux heures après, je suis convaincue qu'il va me quitter." Ce n'est pas de l'incohérence — c'est un système nerveux qui a appris que l'amour et le danger vont ensemble.
Les signes de l'attachement désorganisé en relation
L'attachement désorganisé ne ressemble pas aux autres styles. Ce n'est pas "anxieux" OU "évitant" — c'est souvent les deux, en alternance chaotique. Voici ce qui peut te mettre la puce à l'oreille :
- Tu alternes entre des phases de fusion intense et des phases de retrait total
- Les moments d'intimité déclenchent une anxiété inexplicable — parfois de la dissociation
- Tu peux saboter une relation qui se passe bien, sans comprendre pourquoi
- Tu as du mal à te souvenir clairement de ton enfance — ou les souvenirs sont fragmentés
- Tu attires (ou es attiré par) des partenaires émotionnellement instables ou indisponibles
Ce que ça donne concrètement en couple
Prenons un exemple concret. Tu es en couple depuis 6 mois avec quelqu'un de stable, d'aimant. Tout va bien — trop bien, peut-être. Et là, sans raison apparente, tu commences à provoquer des disputes. Ou tu te fermes complètement. Ou tu deviens hyper-critique. Ton partenaire ne comprend pas. Toi non plus, d'ailleurs.
Ce qui se passe en réalité : ton système nerveux interprète la sécurité comme un danger. Parce qu'enfant, les moments de calme précédaient souvent les moments de chaos. Ton cerveau a appris : "Si c'est trop calme, c'est que quelque chose de terrible va arriver."
Mon observation de coach
Sur mes 150 accompagnements, environ 25% présentaient des traits d'attachement désorganisé — souvent sans le savoir. La bonne nouvelle ? C'est aussi le style qui répond le mieux au travail somatique (sur le corps), parce que c'est là que le trauma est stocké.
Attachement désorganisé et régulation émotionnelle
Un des défis majeurs de l'attachement désorganisé, c'est la difficulté à réguler ses émotions. Tu passes de 0 à 100 en quelques secondes. Ou tu te coupes complètement de ce que tu ressens — au point de ne plus savoir si tu es triste, en colère ou effrayé(e).
C'est là que le travail corporel devient crucial. Pas juste parler de ses émotions — les ressentir, les accueillir, apprendre à les réguler par le corps. La méditation, la respiration consciente, la danse, le yoga — ces pratiques ne sont pas du "développement personnel à la mode". Pour les personnes avec un attachement désorganisé, c'est thérapeutique.
(Et je sais de quoi je parle — j'ai moi-même des traits d'attachement désorganisé. La danse-contact a fait plus pour ma régulation émotionnelle que des années de thérapie uniquement verbale.)
Peut-on "guérir" d'un attachement désorganisé ?
"Guérir" n'est peut-être pas le bon mot. Ce n'est pas une maladie. Mais oui, tu peux développer ce qu'on appelle un "attachement acquis secure" — une sécurité intérieure construite à l'âge adulte, à travers des relations réparatrices et un travail sur soi.
Attention, je vais être honnête : ce travail prend du temps. Des années, souvent. Et le coaching seul ne suffit généralement pas. L'attachement désorganisé demande souvent un accompagnement thérapeutique en parallèle — avec un(e) psy formé(e) au trauma et à l'attachement.
Mon avis (et il n'engage que moi) : si tu reconnais plusieurs signes d'attachement désorganisé chez toi, je te recommande de consulter un(e) psychologue spécialisé(e) en attachement ou en trauma, en plus d'un éventuel coaching. Ce n'est pas parce que tu es "plus grave" — c'est parce que ce style demande un travail plus profond, et un cadre plus sécurisé.
Les premières étapes pour avancer
Si tu te reconnais dans ce que tu viens de lire, voici par où commencer :
Tes premières actions concrètes
- Nomme ce que tu vis — avoir un mot pour décrire ton expérience change déjà la donne
- Apprends à repérer tes états — hyperactivation (anxiété, urgence) vs hypoactivation (shutdown, dissociation)
- Trouve un(e) thérapeute spécialisé(e) — cherche les mots-clés "attachement", "trauma", "EMDR" ou "thérapie somatique"
- Commence une pratique corporelle — yoga, respiration, méditation. 10 minutes par jour suffisent pour débuter
- Sois patient(e) avec toi-même — ton système nerveux a mis des années à se configurer ainsi. La transformation prend du temps.
Et en couple, on fait comment ?
Si tu es actuellement en relation, la communication devient cruciale. Pas facile quand tu ne comprends pas toi-même ce qui se passe en toi. Voici ce qui peut aider :
Explique à ton/ta partenaire ce qu'est l'attachement désorganisé. Pas pour excuser tes comportements — pour les contextualiser. "Quand je me ferme comme ça, ce n'est pas contre toi. C'est mon système nerveux qui se met en protection."
Établissez des signaux. Un mot, un geste, qui dit "j'ai besoin d'une pause" sans déclencher une dispute. Et un autre qui dit "je suis prêt(e) à revenir".
Accepte que ton/ta partenaire ne peut pas te "réparer". Ce travail t'appartient. Une relation saine peut être un terreau de guérison, mais pas un substitut à la thérapie.
Un client m'a dit un jour : "Depuis que j'ai compris mon style d'attachement, je ne me juge plus quand je dérape. Je me dis juste : ah, voilà mon système qui fait son truc. Et ça, ça change tout." Le coaching — contrairement à la thérapie — ne remplace pas un suivi psy. Mais il peut t'aider à mettre des mots, à comprendre, à agir différemment au quotidien.
Maëva Corentin
Coach certifiée ICF, spécialisée en Analyse Transactionnelle et théorie de l'attachement. Après 8 ans en RH et un burnout qui a tout remis en question, j'accompagne depuis 4 ans les personnes qui veulent sortir de leurs répétitions amoureuses. Formation complémentaire en constellations familiales et approche somatique.
Article mis à jour le
Sources et références
- Resalib - Annuaire des coachs certifiés — Référencement des professionnels certifiés en France
- MantraCoach - Spécialisation Life Coach — Ressources sur les approches de coaching de vie
- Mon Coach Franchise — Informations sur le métier de coach